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quant à la tragédie de Racine. Mais l’anecdote, si on la rapproche de la représentation donnée par Rachel, le 28 février 1839, jour de la fête juive des Sorts, garde sa signification morale et historique. Évidemment, le Livre d’Esther et tout ce qui en dérive présente un attrait continu et séculaire pour les juifs, un attrait non pas seulement religieux, mais ethnique. Ils s’y mirent. Parcourons ensemble le Livre d’Esther, nous saurons pourquoi. Cela n’est pas sans curiosité.

On sait que l’histoire d’Esther, dans la Bible, se compose de deux parties, le Livre d’Esther et les Additions au Livre d’Esther, dont les exégètes les plus orthodoxes et les plus catholiques reconnaissent l’inégale valeur. C’est le récit, transmis en langue hébraïque, auquel on donne communément le nom de Livre d’Esther. Les Additions comprennent des fragments en langue grecque qu’on suppose être l’œuvre d’un Juif hellénisant d’Alexandrie. Le récit hébraïque est complet en lui-même ; il nous conduit jusqu’au salut et au triomphe du peuple juif. Les Additions grecques ne font que reprendre et développer certaines parties du récit hébraïque. Mais quelle différence entre l’esprit du Livre et celui des Additions !

Dans les Additions, il n’est question que de Dieu et de sa grandeur. Là, Racine a pris le germe de la