Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/253

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la persistance de son type contre les persécutions, son irréductibilité ethnique, la grâce dangereuse de ses femmes, ses artifices, ses talents et son industrie, tout ce par quoi, écrasé, il soulève de dessus ses épaules l’écrasement, et, dispersé dans le monde, il maîtrise le monde.

Il paraît que, d’après les recherches modernes, le Livre d’Esther ne contient aucun fond historique ; ce n’est qu’un roman d’aventures dont la philologie hébraïque et orientale ne désespère pas de découvrir approximativement l’auteur. Avec les raisons par lesquelles l’exégèse indépendante démontre que le Livre d’Esther n’est pas un ouvrage d’histoire, on enlèverait sans peine toute autorité historique à une biographie de Plutarque sur Troie et à plusieurs récits d’Hérodote, même à ses récits sur Xerxès. On nous montre, par exemple, combien les extrémités contradictoires vers lesquelles se porte Assuérus d’un jour à l’autre font de lui un personnage de fiction, à peine vraisemblable, qui pris au sérieux ne serait qu’un fou et un idiot. Pas plus fou que le Xerxès d’Hérodote dont il porte le nom ; pas plus délirant en ses contraires qu’un César romain ; pas plus invraisemblable et plus brut en ses résolutions extrêmes qu’un de ces princes de la race de Mehemet-Ali dont les Français d’aujourd’hui ont pu connaître plus d’un exemplaire, soit au Caire, soit