en sécurité et en liesse. Voilà ce que rendent si bien les versets naïfs du Livre d’Esther :
« Et tous les principaux des provinces et les satrapes, et ceux qui maniaient les affaires du roi, soutenaient les Juifs, parce que la crainte qu’ils avaient de Mardochée les avait saisis.
» Car Mardochée était grand dans la maison du roi, et le bruit se répandait par toutes les provinces que ce Mardochée allait toujours croissant…
» Et il y eut pour les Juifs de la prospérité, de la joie, de la réjouissance et de l’honneur, de l’allégresse, des festins et des jours de fête… »
Quel tableau savoureux ! Quel redoublement d’expressions juteuses ! Quelle explosion de vie victorieuse ! Un roman ou une histoire, ce Livre d’Esther ? L’un et l’autre ; le rêve réel de Jacob et de sa postérité sur la terre.
Il n’était pas inutile de relever ces caractères de l’original, de manier la matière brute d’où Racine a tiré son Esther. La transformation qu’a opérée son génie et ce génie lui-même en paraissent mieux ce qu’ils valent.
C’est Rachel qui a joué Bérénice pour la dernière fois en 1844. Elle ne put s’y satisfaire elle-même. La tendresse lui manquait pour rendre à point l’hé-