Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/352

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lui-même d’un évêque de Ptolémaïs ; cette généalogie romantique a été démontrée imaginaire[1] ; le père de Victor, Léopold-Sigisbert, officier de Bonaparte, ne s’en est jamais targué. Léopold-Sigisbert devint à la force du poignet général et comte de Cisuentès ; mais il était de souche et de tempérament populaires ; son fils Victor, « né aristocrate », ne fut pas traité par lui aristocratiquement ; il le fit bel et bien immatriculer en qualité d’enfant de troupe sur les contrôles de Royal-Corse, régiment français au service de Murat, roi de Naples. De l’enfant de troupe, Victor Hugo a mené réellement l’existence, au moins en partie, et à son grand profit. Si c’était ici le lieu de chercher la source où s’alimenta sa belle imagination, on la trouverait dans son odyssée enchanteresse de fils de soldat à travers les routes de France, d’Italie et d’Espagne[2]. Victor Hugo n’est pas né non

  1. Victor Hugo avant 1830, par Edmond Biré. — J’ai déjà signalé ce livre. L’abondance, la précision et la sûreté des recherches en font un livre capital pour l’étude et l’intelligence de Victor Hugo. L’ouvrage trahit des préoccupations de polémiste catholique et monarchique. Mais il est aisé de mettre à part les préoccupations de l’auteur et de s’en tenir aux faits qu’il a recueillis avec une patience et une sagacité dignes des plus grands éloges. (Paris, Jules Gervais, éditeur. — Nantes, Émile Grimaud, éditeur, 1883.)
  2. Lire à ce sujet mais avec précaution les Mémoires d’Alexandre Dumas, 5e série, chapitres 126 à 129. (Paris, Calmann Lévy. — Édition à 1 franc le volume.)