Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/96

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Marie-Antoinette, et madame de Pompadour y ressort avec cette grâce, ces instincts supérieurs de femme, ces poussées de fantaisie géniale, qui lui seront toujours, devant l’histoire, des circonstances atténuantes. Je ne dis pas du tout une excuse, ni une absolution. Rien n’excuse la méchanceté. Rien n’absout d’avoir pris le vilain emploi de pourvoyeuse.

Le palais de Versailles, où s’agitèrent, en des temps bien différents, ces trois femmes d’humeurs si diverses, dont le hasard d’une monographie rapproche les noms dans l’ouvrage de M. Jullien, le palais de Versailles a été deux fois funeste à la France. Il a vicié notre politique de 1871 à 1879. Il a agi pour la ruine de l’ancienne monarchie. Je n’ai aucune inclination à me faire l’apologiste de ce palais fatal, de ses jardins d’Armide, de tous les enchantements pernicieux qui s’y sont succédé pendant plus d’un siècle. Le gouvernement, le soin du gouvernement, l’art du gouvernement s’y sont perdus ; voilà la sentence générale qu’on peut prononcer contre Versailles. Ce n’est pourtant pas une raison pour s’associer à toutes les déclamations, quelques-unes bien prud’hommesques, dont la vie de cour et le régime des favorites ont été l’objet, tant sous l’ancien régime que depuis. Saint-Simon et le marquis d’Argenson sont les deux témoins qu’on