Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/99

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royaume. Ce n’est pas avec ces quatre millions de plus qu’on aurait subvenu ni à la guerre de Sept ans ni à la guerre de la Succession. C’est affaire au marquis d’Argenson de tomber en syncope, parce que le roi accorda un jour deux mille livres à l’auteur de la musique d’un « mauvais ballet », représenté aux Petits-Cabinets. Il est merveilleux avec quel courroux morose et quelle fatuité les gens graves, secrétaires d’État en fonction ou en disponibilité, portant cordon bleu ou d’une autre couleur, parlent en tout temps et sous tout régime du moindre avantage qu’obtiennent un musicien, un poète, un grimaud de lettres ! Qu’ils sachent donc bien, une fois pour toutes, ces faquins et ces cuistres bornés, que même un mauvais ballet coûte à son auteur plus de peine qu’une mauvaise mesure de gouvernement au commis qui la prend, et coûte au peuple moins d’argent et moins de larmes ! Je songe aux quatre cents millions, au minimum, qu’a dévorés de nos jours l’entreprise du Mexique, et ils me rendent bien légers à porter les quatre millions, au maximum, que madame de Pompadour a dépensés pour les représentations des Petits-Cabinets et de Bellevue.

En tout cas, pour juger avec équité l’idée qu’eurent successivement la marquise de Pompadour et Marie-Antoinette de transporter à la cour la comédie de