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l’étoile

et la Terre entière étaient agités et tourmentés par des secousses et des tremblements terribles. Bientôt les immémoriales neiges du Thibet et de l’Himalaya se mirent à fondre et se précipitèrent par dix millions de canaux qui se creusaient sans cesse et convergeaient vers les plaines de la Birmanie et de l’Hindoustan ; les sommets inextricables des jungles indiennes s’enflammèrent en mille endroits et sous les eaux rapides, parmi les souches et les troncs, des choses sombres s’agitaient encore faiblement et réfléchissaient les langues rouge-sang des flammes. Dans une inexprimable confusion, une multitude d’hommes et de femmes s’enfuyaient au long des larges routes, aux bords des fleuves vers la dernière espérance des hommes — la mer.

Plus grande encore devenait l’étoile, plus grande, plus ardente et plus brillante, avec maintenant une rapidité terrible. L’Océan tropical avait perdu sa phosphorescence, et des vapeurs tournoyantes s’élevaient en volutes fantastiques des vagues sombres qui plongeaient incessamment à l’entour des vaisseaux que secouait la tempête.

Alors, il se fit un prodige. Il sembla à ceux qui, en Europe, attendaient le lever de l’étoile que la terre avait cessé de tourner. En mille endroits des plaines et des montagnes, les gens qui avaient fui les inondations, l’écroulement des maisons l’affaissement des collines, attendirent en vain le lever