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les pirates de la mer

plus petite, la salle des balances, transcrivant diverses notes et fort incommodé dans mon travail par l’orage qui grondait. Ce fut exactement après l’un des plus violents éclats de tonnerre que je crus entendre un bruit de verres brisés dans le laboratoire. Je cessai d’écrire, l’oreille aux écoutes : pendant un instant, je n’entendis rien que la grêle qui faisait un vacarme du diable sur le toit de zinc gondolé. Puis il y eut un autre bruit, un fracas, sans que le doute fût possible, cette fois. Quelque chose de lourd avait été jeté à bas de la table. Me levant aussitôt, j’ouvris la porte qui donnait sur le grand laboratoire.

Je fus fort surpris d’entendre une sorte de rire étrange et de voir Davidson debout, chancelant au milieu de la pièce, avec les yeux comme éblouis. Ma première impression fut qu’il était ivre. Il ne semblait pas me voir et essayait de prendre quelque chose d’invisible devant lui. Lentement, et avec hésitation, il étendait la main et ne saisissait rien.

— Mais qu’est-ce qu’il y a ? — fit-il.

Il rapprocha de ses yeux sa main ouverte, et jura. Puis il se mit à lever ses pieds l’un après l’autre et maladroitement, comme s’il s’était attendu à les trouver collés sur le plancher.

— Davidson ! — m’écriai-je, — qu’avez-vous ?

Il se retourna de mon côté et sembla me chercher des yeux. Il me regarda du haut en bas et de