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un étrange phénomène

du rivage et du navire. Il intercalait sans cesse des observations concernant un bateau, son étrave et ses voiles gonflées de vent. On éprouvait une indéfinissable sensation à l’entendre dire toutes ces choses, dans le laboratoire obscur.

Il était aveugle et incapable de se guider. Nous dûmes le conduire par le bras au long des corridors jusqu’à la chambre de Boyce, et, tandis que ce dernier lui causait en le plaisantant sur cette idée d’un bateau, j’allai trouver le vieux Wade pour lui demander de venir l’examiner. La voix du doyen le calma quelque peu, sans toutefois améliorer beaucoup son état. Il demandait où étaient ses mains et pourquoi il lui fallait marcher enterré jusqu’à mi-corps. Wade réfléchit longuement, avec ce froncement de sourcils qui lui est particulier, puis, lui prenant les mains, il lui fit toucher le canapé.

— Ceci est un canapé, — dit le vieux Wade. — Le canapé recouvert de crin, qui se trouve dans la chambre du professeur Boyce.

Davidson tâta, chercha à comprendre et répondit bientôt qu’en effet il le sentait parfaitement, mais qu’il ne pouvait le voir.

— Que voyez-vous, alors ? — demanda Wade.

Davidson répondit qu’il ne voyait qu’une étendue de sable et de coquillages écrasés. Wade lui présenta d’autres objets à toucher en les lui nommant et en l’observant attentivement.