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les pirates de la mer

écrasé et aplati. L’eau entrerait dans sa gorge, dans ses poumons, pénétrerait dans ses oreilles…

— Quelle imagination détaillée ! — s’écria Steevens, qui se représentait vivement les choses.

— C’est le simple exposé d’une chose inévitable, — dit le lieutenant.

— Et le globe ?

— Il laisserait s’échapper quelques petites bulles et s’installerait confortablement, jusqu’au jour du jugement, parmi la vase et le limon du fond… avec le pauvre Elstead étalé sur ses coussins aplatis, comme du beurre sur du pain.

Il répéta cette image, comme si elle lui eût plu beaucoup :

— Comme du beurre sur du pain.

— Un coup d’œil au tape-cul, fit une voix.

Et Elstead parut derrière eux, vêtu d’un complet blanc, une cigarette aux lèvres et les yeux souriants, sous les amples bords de son chapeau.

— Qu’est-ce que vous dites, à propos de pain et de beurre, Weybridge ? Vous grommelez, comme d’habitude, sur la paye insuffisante des officiers de marine ?… — Il n’y a plus qu’un jour à attendre avant que je parte maintenant. Les élingues vont être prêtes aujourd’hui. Ce beau ciel et cette houle tranquille sont juste ce qu’il faut pour lancer pardessus bord une douzaine de tonnes — de plomb et de fer, n’est-ce pas ?