Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
les pirates de la mer

bridge qui, le premier, exprima cette certitude.

— Je n’ai jamais eu confiance dans ses hublots, — dit-il tout à coup à Steevens.

— Grand Dieu ! — s’écria Steevens, — vous ne croyez pas que…

— Ma foi… — fit Weybridge, et il laissa le reste à son imagination.

— Je n’ai pas grande foi dans les calculs de ce genre, — déclara le commandant sur un ton de doute, — de sorte que je n’ai pas encore perdu tout espoir.

À minuit, le croiseur évoluait lentement autour de l’endroit où la sphère s’était enfoncée. Le rayon blanc du foyer électrique se promenait et s’arrêtait indiscontinûment sur l’étendue des eaux phosphorescentes, tandis que scintillaient de minuscules étoiles.

— Si sa fenêtre n’a pas cédé et qu’il ne soit pas écrasé, — dit Weybridge, — sa maudite situation est pire encore, car alors ce serait son mouvement d’horlogerie qui n’aurait pas fonctionné, et il serait maintenant vivant à cinq milles sous nos pieds, là-dessous, dans le froid et les ténèbres, à l’ancre dans sa petite boule d’acier, là où jamais un rayon de lumière n’a brillé, ni un être humain vécu depuis que les eaux se sont rassemblées. Il est là sans nourriture, souffrant de la faim et de la soif, épouvanté et se demandant s’il mourra de faim où d’étouf-