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les pirates de la mer

« Encore une minute et il reposerait sur le fond de l’abîme. Il songea, dit-il, à Steevens, à Weybridge et aux autres qui étaient à cinq milles au-dessus de sa tête, plus haut pour lui que ne le furent jamais au-dessus de nous les plus élevés des nuages qui flottent dans le ciel, à eux tous naviguant lentement, cherchant à pénétrer la profondeur des eaux et se demandant ce qui pouvait lui être arrivé.

« Il se mit à regarder par le hublot. Il n’y avait plus de bulles maintenant, et le sifflement avait cessé. Au dehors, c’étaient de profondes ténèbres d’un noir épais comme un velours, sauf là où le rayon électrique pénétrait l’eau et en montrait la couleur : un gris jaunâtre. Alors, trois choses, comme des formes de feu, nagèrent en vue, se suivant. Il ne pouvait distinguer si elles étaient petites ou énormes et éloignées.

« Chacune d’elles se dessinait avec des contours bleuâtres, presque aussi brillants que les feux d’une barque de pêche, des feux qui semblaient répandre beaucoup de fumée, et ils avaient, de chaque côté, des taches de cette lumière, comme des sabords de navire. Leur phosphorescence sembla s’éteindre quand ils entrèrent dans le rayonnement lumineux de sa lampe, et il vit alors que c’étaient de petits poissons de quelque étrange espèce, avec des yeux énormes, et dont les corps et les queues