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les argonautes de l’air

Cette épithète, chose curieuse, fit faire à Monson une légère grimace.

— Quoi qu’il en soit, je commence à être dégoûté de tout cela, Woodhouse ! — répéta-t-il après un silence.

Woodhouse haussa les épaules.

— Il n’y a pas d’autre remède que la patience, je suppose, — reprit Monson en enfonçant ses poings dans ses poches. — Je me suis mis en route… et comme j’ai fait mon lit je me couche. Je ne puis revenir en arrière. J’irai jusqu’au bout… Je dépenserai jusqu’à mon dernier sou et tout ce que je pourrai emprunter, mais tout de même, je vous l’affirme, Woodhouse, je suis bien dégoûté de cette infernale affaire. Si j’avais employé la dixième partie de cet argent à graisser la patte à des politiciens, il y a longtemps qu’on m’aurait fait baronnet.

Monson se tut. Woodhouse regardait droit devant lui avec cette expression vague qu’il avait toujours pour indiquer sa sympathie et il tapotait la table avec son porte-crayon. Monson le contempla un moment.

— Au diable, après tout ! — s’exclama Monson en se précipitant tout à coup hors de la pièce.

Woodhouse conserva pendant une demi-minute son attitude sympathique. Puis, il soupira et se remit à ombrer ses plans. Quelque chose évidemment bouleversait Monson, homme charmant et