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les pirates de la mer

La cause immédiate de tout cela, le petit grain de contrariété qui avait soudain précipité tout ce mécontentement à l’égard de sa chère entreprise — ce sont ces choses insignifiantes qui entraînent nos plus grandes décisions — était une demi-douzaine de remarques inconsidérées faites par une jolie fille, joliment habillée, ayant une jolie voix et quelque chose de plus que de la joliesse dans ses doux yeux gris. Et parmi cette demi-douzaine de remarques, ces mots spécialement : la folie de Monson. Elle avait cru se comporter d’une façon charmante avec Monson. Le jour suivant, elle pensait à l’effet exceptionnel qu’elle avait produit, et personne n’aurait été plus surpris qu’elle en apprenant l’effet réel de ses paroles sur l’esprit de Monson. Tout bien considéré, espérons qu’elle ne le sut jamais.

— Où en êtes vous avec votre Machine Volante ? — demanda-t-elle.

( — Rencontrerai-je jamais quelqu’un qui aura le bon sens de ne pas me poser cette question ? pensait Monson.)

— Ce sera très dangereux d’abord, n’est-ce pas ?

( — Elle croit que j’ai peur.)

— On annonce les représentations de Jorgon ; l’avez-vous déjà entendu jouer ?

( — Après les égards dus à ma manie nous en venons à une conversation rationnelle.)