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les pirates de la mer

de ces jours. » Et en effet par une belle matinée, au moment où passait le train de dix heures dix, la Machine Volante de Monson prit son essor.

On vit le chariot rouler rapidement au long de ses rails et l’hélice blanc et or se mettre à tourner. On entendit le bruit des roues et le choc du chariot contre les tampons qui arrêtaient sa course. Il y eut un bruissement confus au moment où la Machine Volante fut lancée en avant, au-dessus de l’entrelac des filets. Tout cela, la plupart d’entre eux l’avaient déjà vu et entendu. L’appareil parcourut, d’un essor languissant, l’espace recouvert par les filets et se releva ; alors, chaque spectateur, selon sa personnelle habitude, cria, hurla, gloussa, jura. Car, au lieu du choc et de l’arrêt habituels, la Machine Volante, comme une flèche quitte un arc, prit son vol hors de la cage qui l’enfermait depuis cinq ans ; elle s’éleva obliquement dans l’air, passa au-dessus du chemin de fer et partit dans la direction de Wimbledon Common.

Elle parut rester momentanément suspendue en l’air, puis elle diminua ; ensuite elle descendit et disparut au-dessus des cimes bleues des arbres, à l’est de Coombe Hill.

Tel fut le spectacle auquel assistèrent les voyageurs du train de dix heures dix. Si l’on avait tiré une ligne au milieu du train, depuis la machine jusqu’au fourgon d’arrière, on n’aurait trouvé âme