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les pirates de la mer

Car le soleil était là, sans nuage et flamboyant sous le soleil d’après-midi, et la mer déroulait à l’infini son impitoyable scintillement, la molle écume crémeuse des vagues croulantes et les longues, basses et sombres rangées de rocs. La barque vide flottait, émergeant et plongeant doucement, à une dizaine de mètres du rivage. Hill et les monstres, toute la violence et le tumulte de cette féroce lutte pour la vie, toute cette scène s’était évanouie comme si elle n’avait jamais été.

M. Fison sentait son cœur battre violemment ; il frissonnait jusqu’au bout des doigts, et sa respiration était rauque.

Quelque chose manquait. Pendant un instant, il ne put se rendre compte clairement de ce que ce pouvait être. Le soleil, le ciel, la mer, les rochers — qu’était-ce ? Alors, il se rappela le canot d’excursionnistes. Il avait disparu. M. Fison se demandait s’il était le jouet de son imagination. Il se retourna et aperçut les deux ouvriers, côte à côte, sous les masses surplombantes des grandes falaises roses. Il hésita, se demandant s’il ferait une dernière tentative pour sauver Hill. Son agitation physique sembla l’abandonner soudainement et le laisser découragé et impuissant. Il se retourna vers la terre, trébuchant péniblement vers ses deux compagnons.

Une fois encore il regarda en arrière. Il y avait