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l’homme volant

hommes fit demi-tour et se mit à redescendre la vallée d’un trot leste. Nous ne nous attardâmes pas à sauver la moindre chose de la charge de notre mort, — mais, par un sentiment d’amitié, nous emmenâmes avec nous la seconde mule, qui portait ma tente et diverses hardes.

« Ainsi se termina la bataille — sans gloire ! Jetant un coup d’œil en arrière, je vis la vallée toute parsemée de vainqueurs qui poussaient des cris et nous tiraient dessus. Mais personne ne fut atteint. Ces gens ne sont guère à craindre avec leurs fusils ; ils ne savent toucher qu’un but fixe. Il leur faut se mettre en joue et viser pendant des heures, et quand ils tirent en courant, c’est simplement pour faire du tapage. Hooker, l’un de mes soldats blancs, se croyait bon tireur, et il s’arrêta une demi-minute pour risquer la chance d’en abattre un, mais il nous rattrapa bredouille.

« Je ne suis pas un Xénophon pour débiter une longue histoire sur mon armée en retraite. Pendant les deux ou trois kilomètres qui suivirent, il nous fallut par deux fois arrêter l’ennemi qui nous pressait un peu trop, et échanger quelques coups de feu. Mais l’affaire fut, en somme, assez monotone — on s’essoufflait seulement — jusqu’à ce que nous fussions parvenus à l’endroit où les hauteurs descendent vers la rivière et resserrent la vallée en un simple défilé. Là, fort heureuse-