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l’homme qui pouvait accomplir des miracles

l’autre était un délicieux œuf d’oie tout frais pondu, cuit et servi par son pouvoir extraordinaire. Il se rendit en hâte à son bureau, dans un état de surexcitation profonde, mais soigneusement contenue, et il ne se rappela le troisième œuf que lorsque l’hôtesse lui parla de la coquille le soir. De toute la journée il ne put rien faire à cause de cette nouvelle et surprenante puissance qu’il se connaissait, mais cela ne lui causa aucun ennui parce qu’il rattrapa miraculeusement le temps perdu, dans les dix dernières minutes.

À mesure que la journée s’avançait, son état d’esprit passa de la surprise à l’exaltation, encore que les circonstances de sa sortie du Long Dragon fussent encore désagréables au souvenir, et une version tronquée du fait étant parvenue à ses collègues amena quelques plaisanteries. Il était évident qu’il lui fallait beaucoup de prudence en soulevant des objets fragiles, mais autrement son don lui promettait de plus en plus de jouissances à mesure qu’il y pensait. Il se proposait, entre autres choses, d’augmenter ses biens personnels par de modestes actes de création. Il appela à l’existence une paire de splendides boutons de manchettes en diamants, et les annihila vivement en apercevant le fils de son patron qui traversait la salle, se dirigeant vers son bureau. Il eut peur que le jeune homme ne se demandât comment ils étaient venus en sa pos-