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exposé à des coups de vent d’une violence extrême. Au mois de Mai 1811. une avalanche emporta huit personnes et les lança au delà du parapet dans le fond du vallon de la Tavernette. À l’extrémité du passage, est une seconde galerie de 42 mètres de longueur, dite celle des glaciers. Elle est parfois obstruée par les neiges qui se détachent du Schönhorn, et l’eau qui s’infiltre dans les fentes du rocher, y forme une pluie continuelle. Pour éviter tous les dangers que présente ce passage, il aurait fallu, m’a-t’on assuré, conduire la route dans le fond de la vallée et la faire remonter ensuite dans la direction de l’ancien sentier vers le plateau, ce qui, outre l’inconvénient d’une grande dépense, aurait eû encore celui d’une pente excessivement roide, celle de l’ancien sentier étant à peu près de 215 toises.

Déjà la vivacité et la pureté de l’air annoncent un climat plus rigoureux. Les arbres ne font plus que languir, et bientôt ils vont disparaître entièrement. Cependant un beau gazon bien velouté couvre encore le peu de terrain dont les glaces ne se sont pas emparés. En sortant de la galerie des glaciers, on apperçoit pour la dernière fois (à une distance d’à peu près cinq lieues) les riantes prairies qui bordent le Rhône. Bientôt, après avoir tourné la base du Schönhorn, on atteint le plateau ou le col du passage du Simplon.

Ce plateau, élevé suivant Mr. Céard de 2005 mètres, 56. c. (ou 6174 pieds) au dessus de la mer[1], est un vallon presque circulaire, d’où la vue ne porte que sur des rochers arides et des glaciers parmi lesquels
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  1. De dessus la place de Brieg au sommet du Simplon Mr. Saussure avait trouvé par son nivellement 665 toises — et Mr. Céard avec le niveau d’eau 678 — ce qui diffère de 13 toises.