Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/116

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Aujourd’hui même encor qui de nous ne s’incline,
Frappé d’un saint respect pour un culte oublié,
Quand à ses yeux surgit, les bras sur la poitrine,
L’ombre du Titan foudroyé
Qui déchaîna, quinze ans, dans sa course hardie,
Sur l’Europe des rois muette de terreur,
L’ouragan plébéien d’où sortit son génie
En manteau d’Empereur !

Ils peuvent être fiers, nos pères,
D’avoir vécu sous ce géant,
Si puissant dans ses jours prospères,
Si grand encor dans son néant !
Tous ont vu sans quitter nos grèves,
A travers les éclairs des glaives,
A travers le vol des boulets,
Passer de front sur ses vestiges
Quarante siècles de prodiges,
Ressuscites par ses hauts faits !

Mais ne regrettons pas ces jeux brillants des armes
Dont l’éphémère éclat s’est éteint sans retour ;
Ils ont coûté, ces jeux, trop de sang, trop de larmes,
Pour captiver un siècle épris d’un autre amour ;
Nous aussi nous savons, dans le temps et l’espace,
Nous frayer, par le Fer, un lumineux chemin ;
Mais l’honneur des combats livrés par notre audace
Est pur de sang humain.