Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/128

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A travers les déserts, comme aux temps de Moïse,
Guide les nations vers la terre promise,
Aplanis, sous leurs pas, et les mers et les monts,
Et fais régner nos fils, en Rois, sur la matière,
Pour qu’ils puissent, un jour, lever vers la lumière
Des bras libres comme leurs fronts !

Debout ! le noir granit des dalles
Tremble autour des monstres soufflants ;
On sent s’abattre par rafales
Le Vertige éclos dans leurs flancs.
Debout ! laissons-les seuls dans l’ombre
S’abandonner à leurs ébats ;
La Forge éblouissante et sombre
Vient de s’ouvrir devant nos pas.

Quel bruit ! quel mouvement ! quel éclat ! quelle foule !
Au choc des lourds marteaux, au cri des laminoirs,
Voyez-vous affluer, tourbillonnante houle,
Tous ces ouvriers noirs,
Spectres dont, par moments, un grand vol d’étincelles
Sillonne en traits de feu les larges seins velus,
Les épaules de bronze aux humides aisselles,
Et les torses trapus ?