Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/146

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Gloire à toi, Saint Simon ! Gloire aux fils de ta race !
Quand je trouvai ton pied empreint dans mes sillons,
Quand ton souffle vivant passa devant ma lace,
Je sentis, sur ma chair, frissonner mes haillons ;
Et les signes des temps sur ma tête éclatèrent,
Et je me dis alors : Jeune homme, lève-toi,
Lève-toi du grabat où les Grands te jetèrent,
Au nom profané de la Loi !

Mais mon corps était faible et tout couvert de plaies,
Et mes os décharnés se heurtaient en tremblant,
Et les corbeaux hideux et les mornes orfraies
Me menaçaient déjà de leur bec insolent ;
Il fallait à mes pas un appui tutélaire ;
Je tendis vers un Grand ma suppliante main,
Mais il me laissa, seul, étendu sur la terre,
Et passa son chemin.

Dieu descendit alors touché de ma souffrance,
Il vint, me releva, me rendit la santé,
Puis, quand il eut sur moi, dans l’ombre et le silence,
Tendrement accompli sa sainte volonté,
Il marcha vers le Grand, armé de sa justice,
Il apprit à ses yeux à connaître les pleurs,
Il châtia sa chair, et, devant son supplice,
Fit pâlir mes douleurs.