Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/150

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Tandis qu’une voix menaçante
Rugit sous la porte insolente
Du salon d’or où rit et chante
L’ivresse de mon oppresseur.

Ah ! calme donc, ô Grand, ces transports d’allégresse,
Ne prolonge pas trop les ébats du festin,
De peur qu’un spectre armé, de sa voix vengeresse,
Sous tes toits en débris ne t’éveille au matin !
Par des dons généreux conjure la tempête ;
Rien ne peut retarder l’heure qui doit venir ;
Il faut qu’il soit enfin déployé sur ta tête,
Il faut que de tes mains tu viennes le bénir,
L’étendard salué de ce cri de conquête :
Vivre en travaillant ou mourir !

Tu viendras. Dieu le veut ! Tu viendras, sans m’attendre,
Toi-même l’arborer, toi-même le défendre,
Au nom de la Justice et de la Charité ;
Tu viendras de mon front effacer l’anathème,
Tu viendras m’apporter le glorieux baptême
D’une plus sainte Égalité.

Je ne fus pas créé pour ramper sur la terre,
Pour végéter au seuil d’un stérile vallon ;
Dieu ne m’a pas jeté dans le champ de mon père
Pour grandir sous sa bure et porter son bâton ;