Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/156

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Mais d’un maître arrogant subir la loi stupide,
Vivre aux pieds de la brute et ramper son égal,
Livrer à la matière un combat homicide
Entre l’ignoble bagne et l’ignoble hôpital ;

Et sentir, jour et nuit, dans mon âme profonde,
Retentir une voix à célestes échos,
Palpiter le secret qui doit sauver un monde,
Aspirant par ses pleurs à des autels nouveaux ;

Sans pouvoir apaiser l’onde toujours grondante,
Secouer de mes pieds la fange des sillons,
Franchir les murs d’airain de ma fournaise ardente,
M’élancer, libre et fier, de ma fosse aux lions ;

Sans découvrir, de près ni de loin, une issue,
Un être qui m’appelle, un homme à l’œil aimant,
Une blanche colombe au flanc noir de la nue,
Oh ! c’est là, Grand du siècle, un horrible tourment !

Aussi, malheur à toi qui règnes sur la terre,
Si ton cœur me repousse et ne me comprend pas ;
Si tu ris, du sommet de ta brillante sphère,
Des tisons enflammés que te lance mon bras ;
Si tu crois apaiser la soif de ma justice,
En versant, dans le broc que m’a laissé ta loi,
Un peu d’or, extorqué par ta vile avarice
A des malheureux comme moi !