Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Et cependant, Messieurs, vous prétendez sans cesse
Que vous possédez seuls l’art de bien gouverner,
Que vous représentez la suprême sagesse,
Et que sous vos pieds seuls la terre doit tourner !
Quels sont donc ces trésors, ces bienfaits politiques
Conquis par vos exploits depuis dix ans passés,
Que vous apporteriez aux peuples pacifiques,
En échange des biens que vous méconnaissez ?

Des querelles sans but, dignes du Bas-Empire,
L’oubli de tout respect pour les droits les plus saints,
Le désordre des mœurs poussé jusqu’au délire,
La Révolte toujours suspendue aux tocsins,
Le Meurtre en permanence au seuil des Tuileries,
L’Anarchie érigée en pouvoir de l’état,
Et, sur le piédestal de vos lois avilies,
Encensant l’ombre de Marat.

Au lieu de vous bercer du rêve des conquêtes,
Appliquez votre force à d’utiles travaux,
Et, conviés par nous à de plus nobles fêtes,
Cherchez la gloire et l’or sûr des chemins nouveaux !
Mais si, dans votre orgueil, vous vous croyez peut-être
Trop grands pour partager les travaux des petits,
Permettez-nous aussi de ne pas vous admettre
A l’honneur dangereux de partager nos lits.