Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous, une vague tristesse
Qu’on ne peut définir et qu’on craint de montrer,
Monte de l’âme au front qui s’incline et s’affaisse,
Et que, sans le savoir, on se prend à pleurer ?

D’où vient que, dans un bal, quand l’orchestre déchaîne
Le galop bondissant en tourbillons fougueux,
Ou par degré s’apaise et mollement ramène
La valse échevelée au quadrille amoureux ;

En voyant tous ces fronts étinceler, reluire,
Dans un air saturé de parfums enivrants,
Ces regards se chercher, ces lèvres se sourire,
Et ces mains s’égarer sous des seins haletants ;

D’où vient que, de ces flots de joie et de lumière,
On sent se dégager un nuage de deuil,
Et que, le cœur troublé par une ombre sévère,
On s’enfuit brusquement, une larme dans l’œil ?

D’où vient que, dans un temple, à genoux sur les dalles,
Quand l’orgue vespéral a cessé de gémir,
Et que le dernier bruit qui s’élève des stalles
Expire au fond du cloître en un vague soupir ;

En contemplant la nef déserte et solitaire,
Les reflets incertains qui tombent d’un tableau,
Le Christ pâle et glacé qui surmonte la chaire,
Et l’autel morne, noir, et froid comme un tombeau ;