Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/191

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D’où vient donc qu’à l’aspect de ces saintes images,
Ne pouvant ni prier, ni bénir le Seigneur,
L’homme, par des sanglots, adresse ses hommages
À l’être tout-puissant qui règne sur son cœur ?

D’où vient que, dans ces jours si chers à la mémoire,
Quand une Artiste-Reine apparaît à nos yeux,
Et, du haut d’un théâtre étoile de sa gloire,
Nous ouvre les palais d’un monde merveilleux ;

Quand de l’âme et des sens sa voix tendre ou hautaine
Parcourt en triomphant le sonore clavier,
En (ait jaillir l’amour, la colère, la haine,
Et tient courbé sous elle un peuple tout entier ;

D’où vient donc que ce peuple, en relevant la tête
Pour saluer l’artiste au moment du départ,
Ne trouve pour ses vœux de plus digne interprète
Que les pleurs éloquents qui mouillent son regard ?

Ainsi que nous l’avons appris de notre mère,
Et que les livres saints le disent à leur tour,
L’homme, errant ou captif, n’est-il donc sur la terre
Qu’un sublime exilé du céleste séjour ?

Et quand son œil se voile et que son front s’incline
Devant un grand spectacle admiré de nous tous,
Qu’il sent pâlir son cœur au fond de sa poitrine,
Et qu’insensiblement il fléchit les genoux ;