Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/196

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Il est donc devenu ce qu’il promettait d’être :
Un sordide égoïste à l’esprit corrompu.
Rien de grand, rien de saint, n’illumine cet être,
L’aspect d’un beau soleil ne l’a jamais ému.

Un temple n’est pour lui qu’un tas de pierres brutes ;
Il hait les arts sacrés qui dorent nos ennuis ;
Mais il aime la fange et les plaisirs des brutes,
Et pour s’en assouvir il vendrait son pays.

Regardez ! Il revient, haletant, d’une orgie,
D’une orgie à grands feux, à larges coups de dent,
Qui dévore, en une heure, onze mois de la vie
De toute une famille immolée en riant.

Il revient, tête nue, et la veste fouillée,
Un feu morne dans l’œil où couve l’impudeur,
Des blasphèmes sans nom sur la lèvre souillée,
Le corps ployé, saignant, hideux à faire peur.

Il revient, il appelle, il réveille sa femme
Qui s’enfuit d’épouvante, en voyant se dresser
Au-dessus de son sein cette tête de flamme,
Et ce bras qui flétrit en voulant caresser.

Puis, quand il a cuvé la honte de son œuvre,
Il prétend tout soumettre à sa haute raison ;
Du fils jusqu’à l’aïeul, de l’artiste au manœuvre,
Tous doivent à ses pieds ramper dans la maison.