Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/208

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Quand, libre et triomphant, tu traverses le monde,
Emporté loin de nous par l’ardente vapeur,
Pareil, sans être aveugle, à l’ouragan qui gronde,
Avec tes bruits tonnants et ta sombre splendeur,
Le peuple se découvre, et semble, à ton passage,
Le cœur tout palpitant d’un orgueilleux effroi,
Du geste et du regard saluer son image
Qu’il reconnaît en toi ;

En toi qui, comme lui, travailles sans relâche,
Tant qu’un bras vigilant dirige ton essieu,
À la majestueuse et pacifique tâche
De féconder, pour tous, la grande œuvre de Dieu,
Et qui, pour accomplir, toujours exempt de craintes,
L’auguste mission de ton règne nouveau,
N’as besoin, comme lui, que de trois choses saintes :
Le feu, la terre, l’eau ;

En toi qui, comme lui, mais plus sage peut-être,
Parvins, sans les confondre, à rapprocher les rangs,
À relever l’esclave aux yeux surpris du maître,
Sans blesser ni l’orgueil ni la fierté des Grands,
Dès le jour où tu fis voyager côte à côte,
Tous assis et groupés sur un même convoi,
Le pauvre au front baissé, le riche à tête haute,
L’artisan et le roi ;