Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/216

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Rien n’intimide son audace,
Il marche, il vole, il fuit toujours ;
Il fait tournoyer dans l’espace
Les champs, les flots, les bois, les tours ;
Il éblouit de son prestige
Le peuple, le savant, le roi,
Et laisse partout le vertige
Assis à côté de l’effroi !

Oh ! si nos pères morts se levaient de leur tombe !
S’ils rencontraient, un soir, la formidable trombe
De flamme et de métal,
Roulant, avec fracas, à travers la campagne,
Comme un roc de volcan lancé d’une montagne
Par un bras infernal ;

S’ils voyaient s’avancer, sous un ciel morne et sombre,
Le monstrueux Dragon éclairant au loin l’ombre
De ses yeux rouges et sanglants,
Et, par groupes confus, aux abords de nos villes,
Des hommes noirs, armés, tous, de torches mobiles,
Accourir à ses cris sifflants ;

Semblables, dans leur trouble, à ces guerriers sauvages
Qui, devant le canon, tonnant sur leurs rivages
Pour la première fois,
S’enfuyaient, l’arc en main, sur d’agiles gondoles,