Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/238

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Ta sévère beauté, ton paisible courage,
De ses mœurs, de sa foi, reflètent bien l’image.
Mais tu serais plus belle et plus superbe encor,
Si le grand statuaire à qui tu dois la vie
N’avait, en te créant, arrêté son génie
Au milieu de son libre essor.

Pardonne ! on dit qu’un jour, ô candeur juvénile,
Quand tu dormais encor dans ton berceau d’argile,
Le front déjà marqué du sceau de ta grandeur,
Un homme, alors puissant, tressaillit à ta vue,
Et recula d’effroi devant ta gorge nue,
Qu’il fit voiler par la pudeur.

Oh ! ce n’est pas ton sein, Statue auguste et fière,
Qu’il fallait dérober sous un voile de pierre
Aux yeux émus d’un peuple heureux de t’admirer ;
Ton sein, si pur, si chaste, est le sein d’une mère,
D’une mère qui peut le montrer à la terre,
Sans peur de se déshonorer.

Non, c’est ton front plutôt, ton front mâle et sublime,
Ton front tout rayonnant d’un orgueil légitime,
Mais qui semble aujourd’hui s’obscurcir de nouveau,
Ce sont tes yeux surtout, tes yeux sereins et graves,
Tes yeux dont un regard brûle le cœur des braves,
Qu’il fallait couvrir d’un bandeau.