Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/86

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Muse ! retourne en paix aux chastes solitudes,
Reprends pour un seul jour tes calmes habitudes,
Ceins ta robe d’azur, viens, cède à mes désirs ;
Tu sais combien j’aimais, aux jours de ma jeunesse,
L’ombre de ces forêts où m’appellent sans cesse
Tant de charmants échos et de doux souvenirs.

Que de fois m’as-tu vu, bercé par leur murmure,
Visité par un hôte étranger à nos bords,
Interroger les voix de la grande nature,
Pleines de saints accords ;
Rêver, en contemplant, à travers le feuillage,
Au bruit vague et lointain des cloches d’un couvent,
Le vol mystérieux d’un splendide nuage
Emporté par le vent !

J’aimais à respirer les parfums des bruyères
Qui s’épandaient, le soir, sur les lacs solitaires,
Du haut des monts obscurs dormant autour de nous ;
A voir se rassembler les oiseaux de nos plaines,
Pour aller conquérir des plages plus sereines,
Des nids plus ombragés et des gazons plus doux.