Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/90

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Lève-toi donc, ô Muse, arrive, ouvre tes ailes,
Revole vers ces monts qui t’attendent toujours ;
Retourne t’abreuver aux sources éternelles
De tes jeunes amours ;
Recueille le nectar des fleurs de nos vallées,
Les soupirs de la terre et les parfums du ciel,
Et les concerts flottants des sphères étoilées,
Pour en pétrir ton miel !

Promène en liberté tes molles rêveries,
Des vallons aux coteaux, des forêts aux prairies,
Le spectacle des champs rend l’homme fort et doux ;
11 donne à la pensée un élan si vivace !
On sent doubler sa vie et s’élargir l’espace,
Quand l’ombre des cités ne pèse plus sur nous.

Mais quand tu trouveras sur ta route incertaine
Quelque grand souvenir des siècles révolus,
Quelqu’ancien monastère, ou quelque tombe humaine
Qu’on ne visite plus,
Arrête-toi près d’eux, et là, sans les connaître,
Laisse-moi quelquefois, sous leurs gazons mouvants,
Interroger ces morts qui savent plus peut-être
Que nous, pauvres vivants !