— Sapristi ! Un Stroud ! m’écriai-je.
C’était l’esquisse d’un âne, d’un vieil âne usé, debout à la pluie, s’abritant sous un pan de mur.
Jack se tut, mais je sentis derrière moi sa respiration pressée.
— Quelle merveille ! C’est fait avec deux traits, mais posé sur des bases immuables. Veinard ! d’où avez-vous tiré ce chef-d’œuvre ?
Il répondit lentement :
— Mrs Stroud me l’a donné.
— Ah ! je ne savais même pas que vous connaissiez Stroud. Il était tellement farouche.
— Je ne l’ai connu qu’après… balbutia-t-il. Mrs Stroud me fit venir pour faire son portrait après sa mort.
— Après sa mort ? Vous ?
Je dus laisser percer par trop de surprise dans mon exclamation, car il répondit avec un léger ricanement :
— Ma foi, oui. Vous savez qu’elle est d’une naïveté désolante, cette pauvre femme ; sa seule idée de faire faire le portrait de son mari par un peintre à la mode. Ah ! le pauvre Stroud ! Elle pensait que c’était le plus sûr moyen de faire connaître son talent, de forcer l’opinion du public !
— Était-ce là son histoire ?