Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/327

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tant être de retour au bout de cinq journées.

Les paysans dans les champs quittaient leur travail pour demander sa bénédiction, et nombre d’entre eux l’eussent même suivi, s’il ne leur eût dit le but de son pèlerinage auprès du saint de la Roche et son désir de l’accomplir seul, ainsi qu’il sied à un solitaire rendant visite à un de ses pareils. Ils respectèrent sa volonté et, poursuivant sa route, il pénétra dans la forêt. Dans la forêt, il marcha deux jours et dormit deux nuits. Il entendit hurler les loups et passer les renards dans les broussailles. Une fois, au crépuscule, un homme brun et velu le vint regarder au travers du feuillage, puis s’enfuit, le galop de ses sabots s’assourdissant dans sa course. Mais l’ermite ne redoutait ni les bêtes féroces, ni les malfaiteurs, ni même les faunes et les satyres qui demeurent encore aux mystérieuses profondeurs des forêts où la croix n’a pas été dressée. Car il se disait : « Si je meurs, n’est-ce pas pour la plus grande gloire de Dieu. Si je reste en vie, ne faut-il pas que ce soit aux mêmes fins ? »

Seulement il éprouvait une secrète angoisse à la pensée qu’il pouvait mourir sans avoir revu ses laudes. Cependant, le troisième jour, il parvint sans mésaventure à une nouvelle vallée.