Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/355

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fond de ce ravin, dit-elle enfin ; m’interdiras-tu de m’y baigner au fort de l’été ? — Ce n’est pas de moi, ma fille, mais de la loi de Dieu, que vient cette défense, répondit l’ermite, et vois comme le ciel t’accorde sa miraculeuse protection, car, en la chaude saison, à l’époque de ta frénésie, notre ruisseau est tari, et ta tentation te sera épargnée. Au demeurant, sur ces hauteurs, il n’est jamais de ces excès de chaleur qui affolent le corps, mais, en tous temps, avant l’aube comme à l’angélus, un souffle d’air vif qui rafraîchit à l’égal d’un bain. »

Et, après avoir longuement médité sur ces choses, après avoir reçu derechef l’engagement qu’elle ne serait pas trahie, la femme sauvage se décida à adopter la vie d’anachorète, et l’ermite tomba à genoux, adorant Dieu et se réjouissant à la pensée que, s’il sauvait l’âme de sa sœur, son propre temps d’épreuve serait abrégé.


VI

À partir de ce jour, durant deux années, l’ermite et la femme sauvage vécurent côte à côte,