Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/364

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mais que l’évêque et tout le clergé étaient tombés à genoux au bord du ruisseau. Et, suivant leurs regards, l’ermite vit que les eaux troubles recouvraient comme d’un vêtement les membres de la femme sauvage, tandis qu’autour de sa tête flottait une lueur. Et jusqu’aux derniers rangs de la multitude une grande clameur s’éleva, car plus d’un se trouvait là, qu’avait guéri la femme sauvage et qui voyait, dans ce prodige, la main de Dieu. Mais voici qu’une nouvelle terreur s’empara de l’ermite : n’avait-il pas jeté une malédiction à une sainte expirante ? Ne l’avait-il pas dénoncée à la face de tout un peuple ? Et cette angoisse nouvelle, si proche de la première, ébranla à tel point son corps débile, que ses membres défaillirent et qu’il retomba derechef.

La terre parut osciller et les visages inclinés s’envelopper d’un brouillard. Mais comme sa voix chancelante faisait encore effort pour confesser ses péchés, il sentit sur lui le souffle de l’absolution et l’huile sainte du viatique apposée à ses yeux et à ses lèvres. La paix rentra en lui, et avec elle l’ardent désir de voir une dernière fois ses laudes, ainsi qu’il avait souhaité de le faire à l’article de la mort. Mais il n’était déjà plus en état de faire connaître son désir et chercha à le chasser de son esprit.