Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/37

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retour, et priait la jeune fille de lui faire préparer par les couturiers de la rue de la Paix un choix de toilettes « convenables ». Dans un post-scriptum elle lui demandait d’aller prendre chez le bijoutier son sautoir de perles noires, « seule parure qu’elle pût songer à porter ». Miss Lambart exécuta ces commissions et retourna s’installer chez elle la veille de l’arrivée de Mrs Smithers.

Le lendemain, à l’heure du thé, elle attendit la visite de Le Fanois, qu’elle avait prié de passer chez elle. Quand le jeune homme se présenta, plus pâle et plus mince que de coutume dans ses vêtements de deuil, elle alla au-devant de lui avec un sourire où une pointe d’attendrissement se mêlait à sa tristesse. Le Fanois fut frappé par le regard doux et lumineux de ses grands yeux gris. On eût dit que, pour la première fois de sa vie, elle osait soulever le masque d’ironie qui voilait habituellement ses jolis traits.

Elle mit la main dans la sienne et le regarda longuement.

— Comme il me tarde de causer avec vous ! J’ai tant de choses à vous dire, dit-elle d’une voix douce et caressante.

Et elle lui fit signe de prendre un fauteuil tout près du sien.