Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

combattants vérifiaient leurs armes. Puis Zeena reprit d’une voix blanche :

— Je croyais que vous deviez toucher cinquante dollars d’Andrew Hale, pour le bois…

— Andrew Hale ne paie jamais qu’à trois mois, vous le savez bien.

Ethan avait à peine parlé qu’il se rappela son prétexte de la veille pour ne pas accompagner sa femme à la gare. Le sang lui monta jusqu’au front.

— Mais vous m’aviez dit que vous vous étiez entendu avec Hale pour toucher l’argent hier. C’est même le motif que vous m’aviez donné pour ne pas me conduire aux Flats.

Ethan ne savait pas tromper. Jamais auparavant il n’avait été pris en flagrant délit de mensonge, et toutes les ressources de la dissimulation lui faisaient défaut.

— C’était un malentendu, balbutia-t-il.

— Vous n’avez pas touché l’argent ?

— Non.

— Et vous n’allez pas le toucher ?

— Non.

— Ah !… Je ne pouvais cependant pas le savoir lorsque j’ai engagé la fille, n’est-ce pas ?

— Non… (Il s’arrêta pour maîtriser sa voix.) Mais vous le savez maintenant, reprit-il. Je suis désolé de ne pouvoir mieux vous satisfaire, mais vous avez épousé