Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/171

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À cela il n’y avait rien à répondre, et ils continuèrent leur route sans parler.

À chaque tournant un souvenir embusqué se dressait devant Ethan et Mattie, comme pour leur barrer le chemin : ici ils avaient ri, là, ils s’étaient tus ensemble…

— Parmi les parents de votre père, n’y a-t-il personne qui pourrait vous aider ?

— Aucun à qui je voudrais le demander.

Il baissa la voix pour dire :

— Vous savez que je ferais tout au monde pour vous, si je le pouvais…

— Oui, je le sais…

— Mais je ne puis rien…

Elle se tut, mais il sentit un léger tremblement de l’épaule appuyée contre la sienne.

— Oh ! Matt, si seulement j’avais pu partir avec vous, comme je l’aurais fait !

Brusquement elle se tourna vers lui, et tira de son corsage une feuille de papier.

— Ethan… Voilà ce que j’ai trouvé…, balbutia-t-elle.

Malgré l’obscurité croissante il reconnut la lettre à sa femme, commencée la nuit précédente et qu’il avait oublié de déchirer. À son étonnement se mêla un mouvement de joie sauvage.