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CHANT DE LA BELLE ROUTE

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À pied et cœur léger je gagne la belle route, Santé, liberté, le monde devant moi, Le long chemin bis devant moi conduit où il me plaît. Désormais je ne demande point la bonne fortune, moi-même je suis la bonne fortune, Désormais je ne geins plus, ne diffère plus, n ’ai besoin de rien, Finies les doléances de cabinet, bibliothèques, critiques chagrines, Fort et content j ’arpente la belle route. La terre, cela suffit, Je ne désire pas les constellations plus proches, Je sais qu’elles sont fort bien où elles sont, Je sais qu’elles suffisent à ceux qui leur appartiennent. (Même ici j ’emporte mes délicieux faix anciens, Je les emmène, hommes et femmes, je les emmène avec moi partout où je vais, Je jure q u ’il m ’est impossible de m ’en défaire, Je suis comblé d’eux et je veux les combler à mon tour.)