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Je chante jusqu’au bout les égalités, modernes ou anciennes,
Je chante les fins éternelles des choses,
Je dis que la Nature continue, la gloire continue,
J ’élève ma louange d ’une voix électrique,
Car je ne vois pas une seule imperfection dans l’ univers,
Et je ne vois pas une seule cause ni un seul résultat à déplo­
rer en fin de compte dans l’univers.
O soleil couchant ! quoique l’heure soit venue,
Je module encore sous toi, si je suis le seul, une adoration
sans mélange.



A TON PORTAIL OU ME VOILA AUSSI, MORT


A ton portail où me voilà aussi, mort,
Pour pénétrer en ton domaine souverain, obscur, inimitable,
Aux souvenirs de ma mère, à la divine fusion, la maternité,
A elle, ensevelie et disparue, mais non ensevelie, non dispa­
rue pour moi,

(Je revois le calme visage de bonté, encore frais et beau,
Je suis assis près du corps en bière,
Me revoici embrasser, embrasser convulsivement les douces
vieilles lèvres, les joues, les yeux clos en la bière) ;
A elle, l ’idéale femme, pratiqué, spirituelle, de toute la terre,
toute la vie, tout l’amour, pour moi le meilleur,
Je grave un yers-monument, avant de disparaître, parmi ces
chants,

Et pose une pierre tombale ici.