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ESCALADES DANS LES ALPES.

d’ouvriers employés aux travaux de la route et dont les vêtements mouillés exhalaient les vapeurs les plus odieuses. L’inclémence du temps était préférable aux ennuis que me réservait cet intérieur. Au dehors, c’était désagréable, mais grandiose ; au dedans, c’était désagréable et misérable. Je continuai ma marche sous une pluie diluvienne, et, malgré l’obscurité profonde qui m’entourait, je parvins à descendre au village de la Grave, où les gens de l’auberge me retinrent de force. Ce fut peut-être très-heureux pour moi, car, pendant la nuit, des blocs de rochers tombèrent des montagnes sur plusieurs points de la route où ils creusèrent d’énormes trous dans le macadam.

Je me remis en marche le lendemain matin à cinq heures et demie, et, par une pluie battante, je gagnai le Bourg-d’Oisans, puis Grenoble où j’arrivai après sept heures du soir, ayant franchi en dix-huit heures de marche la distance qui sépare cette ville de Briançon.

Ainsi finit mon voyage de 1860 dans les Alpes, voyage pendant lequel je vis pour la première fois leurs plus hautes sommités, et qui m’inspira cette passion des grandes ascensions dont les chapitres suivants contiendront les développements et les résultats.