Page:Whymper - Escalades dans les Alpes.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
CHAPITRE II.

Je m’étais égaré dans les rues de cette ville pittoresque mais infecte, et, comme il ne me restait qu’une demi-heure pour dîner et pour arrêter une place dans la diligence, je ne fus pas très-satisfait d’apprendre qu’un Anglais demandait à me voir. Heureusement c’était mon ami Macdonald ; il allait, me dit-il, tenter dans une dizaine de jours l’ascension d’une montagne nommée Pelvoux. Dès qu’il connut mes projets, il me promit de nous rejoindre à la Bessée le 3 août. Peu de moments après, j’étais en route pour le Bourg-d’Oisans, perché sur la banquette d’un misérable véhicule qui mit près de huit heures pour accomplir un trajet de quarante-neuf kilomètres.

Le lendemain, à cinq heures du matin, je bouclais mon sac sur mes épaules et je partais pour Briançon par un temps charmant. Les vapeurs de gaze qui enveloppaient les montagnes se dissipaient aux premiers rayons du soleil, en disparaissant soudain elles découvraient, outre la ville, les belles collines calcaires qui la dominent et dont les couches sont si curieusement repliées. J’entrai alors dans la merveilleuse Combe de Malaval où j’entendis la Romanche ronger ses rives avec fracas. Près du Dauphin, j’aperçus le premier glacier de l’Oisans, s’étendant à droite sur la montagne. De ce point jusqu’au delà du col de Lautaret, chaque brèche qui s’ouvrit dans les montagnes me laissa voir un glacier étincelant ou un pic élancé. Ce fut à la Grave que je jouis de la plus belle vue, car la Meije s’élève par une série de précipices effroyables jusqu’à 2438 mètres environ au-dessus de la route[1]. Mais, au delà du col, près du Monêtier, on découvre une vue encore plus étendue et plus belle. Une montagne, regardée communément comme le mont Viso, se dresse dans le ciel à l’horizon[2] ; à mi-chemin, mais encore à


    et sans pudeur, et rarement les propriétaires ou les locataires s’associent entre eux pour faire disparaître les ordures qui déshonorent leur demeure. » (Itinéraire du Dauphiné, par Ad. Joanne, tome I, p. 118.)

    Note du traducteur. Depuis quelques années, de grandes améliorations ont eu lieu dans la ville et dans l’intérieur des maisons au point de vue de la propreté.

  1. Voyez le chapitre VIII.
  2. On ne voit pas le mont Viso de la route du Lautaret. Pour s’en assurer,