Page:Whymper - Escalades dans les Alpes.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
CHAPITRE XIII.

des grands pics alpestres, en suivant les glaciers, les pentes de neige qui les dominent, puis enfin les couloirs qui y aboutissent. L’ascension finale nécessitera peut-être inévitablement l’escalade d’une arête. Moins longue sera cette escalade, plus le touriste devra s’en féliciter.

Certaines montagnes sont quelquefois dépourvues de couloirs de neige. En ce cas, il vaudra probablement mieux suivre de préférence les faces ou les petites arêtes et les petits ravins que les grandes arêtes. On se dirige plus aisément à droite ou à gauche sur une face que sur la crête d’une arête ; un obstacle se présente-t il, il est plus facile à surmonter.

Quand je choisis les chemins que je pris en 1865, je recherchai tout d’abord les points où les neiges et les glaciers s’élevaient à la plus grande altitude sur les montagnes que je me proposais de gravir, ou sur les arêtes qu’il me fallait traverser, puis les couloirs de neige montant encore plus haut, et enfin, du sommet de ces couloirs, j’achevais l’ascension, en escaladant les versants ou les faces de préférence aux arêtes. Les ascensions du Grand Cornier (3969 mètres), de la Dent Blanche (4364 mètres), des Grandes Jorasses (4206 mètres), de l’Aiguille Verte (4030 mètres), de la Ruinette (3876 mètres) et du Cervin (4482 mètres) furent toutes exécutées d’après ce principe, sans compter d’autres excursions dont je parlerai ci-dessous. La route choisie avant le départ fut scrupuleusement suivie.

Avant d’entreprendre l’ascension de toutes ces montagnes, j’avais commencé par les étudier avec soin des hauteurs voisines. J’expliquais aux guides le chemin que j’avais l’intention de prendre ; et si les directions à suivre étaient un peu compliquées, j’en dressais le plan sur le papier afin de prévenir toute erreur. Quelquefois les guides me proposaient des changements, et mon plan ne fut jamais adopté qu’après une discussion approfondie. Mais l’exécution en restait confiée aux guides ; rarement j’intervenais dans la pratique ou j’essayais de les aider.

Je passai la journée du 13 juin 1865 dans la vallée de Lauterbrunnen, avec le révérend W. H. Hawker et les guides Christian et Ulrich Lauener ; le 14, je traversai le Petersgrat avec