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LA TONALITÉ MODERNE

réveille le génie national épris de clarté, de vérité, d’expression, de mesure, c’est Rameau (1683-1764), claveciniste, organiste, théoricien, auteur des premiers « Essais » sur l’harmonie en même temps que compositeur de pièces instrumentales, de cantates, de ballets, de nombreux opéras dont plusieurs encore au répertoire : Hippolyte et Aricie, les Indes Galantes, Castor et Pollux, Dardanus, etc.

Après Rameau, nous oserons classer comme naturalisé français — et par ordre chronologique, s’entend — Christophe Willibald Gluck, dont la réputation en Allemagne et en Italie ne fut définitivement consacrée qu’à Paris, lorsque Marie-Antoinette y fit jouer Iphigénie en Aulide (19 mars 1774). « Cette musique vraie, pathétique, dont aucune autre n’avait encore donné l’idée, fit un effet prodigieux sur les habitués de l’Opéra » (Fétis). Puis vinrent Orphée et Alceste, et l’enthousiasme ne fit que grandir.

Maître architecte, Gluck apprend à Mozart l’art de spéculer sur un effet de théâtre. Les trombones de « Divinités du Styx » n’interviennent plus dans la suite de l’ouvrage, quel que soit l’éclat sonore qu’on réserve d’ordinaire à la scène finale. Les trombones de Don Juan n’interviendront que dans la scène du commandeur.

Survient la Révolution, pendant laquelle on ne signale guère que les hymnes patriotiques de Rouget de l’Isle, Gossec, Lesueur et Méhul.

Avec l’ordre renaît la vie artistique et, bientôt, sur l’affiche de nos théâtres, vont se succéder les noms de Spontini, Cherubini, Weber, Rossini, Meyerbeer, Auber, Berlioz, Wagner, Gounod, Verdi, Bizet, Lalo, Delibes, Massenet, Saint-Saëns, Moussorgski, Rimsky-Korsakoff, pour ne parler que des maîtres disparus.

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