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INITIATION MUSICALE

grande roue tourne vite et régulière ; mais voici que, sous une mystérieuse poussée, la vitesse s’accélère en de si folle proportion que la machine donne des signes d’usure, secouée d’inquiétants soubresauts, et commence à tourbillonner dans le vide.

Qu’en résultera-t-il ? Qui pourra la réparer, au besoin même la remplacer ? Disposerons-nous de moyens nouveaux, grâce à de récentes découvertes acoustiques, ou d’après une plus minutieuse division de l’octave ?

Pour le moment, on constate une certaine période de stagnation, conséquence logique de cette vitesse détraquée. Ne nous inquiétons pas. Elle ne durera pas vingt siècles, comme la première.

Même aux époques qu’on peut croire décadentes, il est possible, parmi les abracadabrances ou les pauvretés des petites écoles, de discerner, si l’on y apporte l’impartialité et la sympathie nécessaires, des germes sains, d’utiles recherches, des vérités encore obscures qui, se précisant, se développant, s’enchaînant, produiront dans un avenir plus ou moins proche une forme nouvelle de notre art.

Et partout se manifestent ces germes, aussi bien dans la vieille Europe que dans la jeune Amérique.

En Angleterre, en Italie, en Espagne, dans cette Espagne si brillante, si féconde au temps de la polyphonie vocale, depuis lors ensommeillée, quel réveil ! quel mouvement !

En même temps qu’inquiète de nouveauté, jamais époque ne fut plus curieuse du passé, avide de documents, férue d’histoire.

Le xixe siècle s’était grandement honoré par les publications intégrales de Bach, Hændel,

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