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APPENDICE

à servir de jalons au lecteur moderne, car la mélopée grecque, on le sait, n’admettait rien de comparable à notre chronométrie métronomique[1].

Les Grecs, je le répète, n’avaient pas la moindre notion de ce que nous entendons par Harmonie, Basse fondamentale. Leurs instruments, à en juger par leur dimension, ne devaient pas descendre au-dessous du sol (4e corde du violon), et ce qui pouvait passer pour un embryon d’accompagnement se pratiquait toujours au-dessus du texte mélodique.

Quant à chercher des plans, imaginer des « reprises », une composition quelconque dans cette pièce due sans doute au grand-prêtre du temple, ou à l’un de ses « marguilliers », ou à sa fille, c’est peine et temps perdus.

Toute cantilène destinée à des masses, c’est-à-dire à l’unisson[2] d’un chœur mixte, ne doit pas sortir des limites de la dixième.

Le diapason d’alors devait être d’une tierce plus bas que le nôtre ; pour preuve, la notation suraiguë de cet hymne.

La moyenne des voix gravite entre le fa aigu du soprano et le fa grave de la basse, trois octaves. Ce sont, d’ailleurs, les limites traditionnelles de la polyphonie du Moyen Âge :

Soprano : de l’ut grave au sol (douze degrés).

Alto : du sol grave au médium du soprano (douze degrés).

Ténor : l’octave au-dessous du soprano.

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  1. L’idée de « métronomiser » le Plain-Chant doit être rangée parmi les nombreuses maladies du cerveau, épidémies contemporaines.
  2. Unisson comprenant les voix de femmes à l’octave des voix d’hommes. « Pourquoi dans ce cas, dit Aristote, l’octave ne se fait-elle pas remarquer et paraît-elle un simple unisson ? »