Page:Wilde - La Maison de la courtisane, trad. Savine, 1919.djvu/201

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d’un défilé de gens travestis, car, ainsi que le serpent de la fable se pique de son aiguillon pour se faire souffrir, aussi je gisais, me torturant moi-même. Le jour s’avançait inaperçu sur le cadran solaire, jusqu’à ce qu’enfin le soleil se plongea, drapé de pourpre dans les splendeurs de l’est. Alors du coeur ardent de ce grand orbe, sortit une créature en qui la beauté des formes effaçait par son éclat la plus brillante vision de cette terre triviale. Elle était ceinte d’une robe plus blanche que la flamme ou que l’airain chauffé dans la fournaise. Sur sa tête elle portait une couronne de laurier, et pareille à une étoile qui tombe tout à coup des hauteurs du ciel, elle passa près de moi.

Alors m’agenouillant bien bas, je m’écriai :

« O toi que je désire tant ! ô toi que j’ai longtemps attendue, gloire immortelle !