Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/165

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C’est tout à fait faubourg… J’irai sans doute à la Cour, car je suis destinée à faire sensation dans le monde.

— J’ai aussi pensé à entrer dans la vie publique, remarqua la cane. Il y a tant de choses où le besoin de réforme se fait sentir. J’ai donc présidé, il n’y a pas longtemps, un meeting ou nous votâmes des résolutions blâmant tout ce qui nous déplaît. Néanmoins, cela ne paraît pas avoir produit grand effet. Maintenant je m’occupe des choses domestiques et je veille sur ma famille.

— Je suis faite pour la vie publique et c’est là qu’est toute ma parenté, même la plus humble. Partout où nous paraissons nous excitons une grande attention. Cette fois, je n’ai pas figuré en personne, mais quand je le fais, c’est un spectacle magnifique. Quant aux choses domestiques, elles font vieillir vite et elles distraient l’esprit des choses plus hautes.

— Oh ! les hautes choses de la vie comme elles sont belles ! dit la cane, et cela me rappelle combien j’ai faim !